Le dispositif Mon Soutien Psy : pourquoi je ne participe pas
- Amélie Simonetti
- 25 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 nov.
Depuis 2022, l’État a mis en place un dispositif visant à faciliter l’accès à un soutien psychologique pour les personnes en souffrance. D’abord connu sous le nom de MonPsy, il a été rebaptisé en 2024 Mon Soutien Psy, avec plusieurs évolutions récentes en 2025 :
– 12 séances remboursées par an (contre 8 auparavant),
– plus besoin de prescription médicale,
– un tarif fixé à 50 € la séance, remboursé à 60 % par l’Assurance Maladie (et souvent complété par la mutuelle).
Ces changements vont dans le sens d’un accès facilité aux soins psychique et je comprends que ce type de dispositif puisse sembler intéressant pour beaucoup de patients. Pourtant, après réflexion, j’ai choisi de ne pas y participer.
Ce choix n’est pas un refus de rendre la thérapie accessible. Il reflète au contraire un engagement profond pour une pratique qui respecte la singularité, le rythme et la profondeur du travail thérapeutique. Voici pourquoi.
1. Un format qui reste rigide et insuffisant pour un travail de fond
Même porté à 12 séances, le dispositif propose une approche courte, standardisée, limitée dans le temps. Or, beaucoup de personnes que j’accompagne ont besoin d’un espace dans lequel les choses peuvent se déposer en douceur, se construire dans la durée, sans pression de « tout régler » en quelques semaines.
Chaque personne avance à son rythme. Certaines auront besoin d’une écoute ponctuelle, d’autres d’un travail plus profond, parfois après plusieurs mois. La réalité de la psyché ne se laisse pas toujours enfermer dans des délais préétablis.
2. Un cadre qui impose un tarif unique, au détriment de la liberté et de la qualité
Dans le cadre de Mon Soutien Psy, le tarif est imposé à 50 € la séance, sans possibilité d’ajuster ou de dépasser. Ce tarif peut paraître raisonnable, mais il ne tient pas compte :
– du temps invisible du travail thérapeutique (préparation, réflexion clinique, écriture, formation continue, supervision),
– ni de la diversité des pratiques et des spécialisations des psychologues.
Travailler dans ce cadre reviendrait, pour moi, à adapter ma manière de faire au tarif, et non l’inverse. Or, je crois profondément qu’un travail thérapeutique de qualité nécessite des conditions stables, libres, et respectueuses pour les deux parties.
3. Une reconnaissance partielle, qui laisse de côté la diversité des approches
Le dispositif valorise une forme de suivi relativement uniforme, souvent centré sur la gestion de symptômes (anxiété, troubles du sommeil, etc.), et sur des outils d’intervention brefs. Ce type d’accompagnement peut convenir à certaines situations, mais il occulte toute une part du travail thérapeutique :
– l’exploration de l’histoire personnelle,
– la place de l’inconscient,
– la dimension corporelle ou symbolique du vécu,
– les approches plus existentielles ou intégratives.
Mon approche s’appuie sur un cadre psychodynamique, enrichi d’outils humanistes, corporels et symboliques. Elle ne rentre pas dans le moule proposé par le dispositif et je souhaite préserver cette liberté de travail et d’écoute.
4. Le risque d’un accompagnement fragmenté
Avec Mon Soutien Psy, le parcours est limité à 12 séances par an. Si la personne a besoin de poursuivre, elle devra soit interrompre le suivi, soit continuer hors dispositif (donc à ses frais), soit être réorientée vers d’autres structures, souvent saturées.
Cela crée un risque de rupture dans le lien thérapeutique, alors même que celui-ci est central dans tout processus de changement. Cela va à l’encontre de la continuité, de la confiance, et de la sécurité intérieure que je m’efforce d’offrir dans le cadre de mon travail.
En conclusion
Le dispositif Mon Soutien Psy répond à un besoin réel : celui de rendre le soin psychique plus visible et plus accessible. C’est un pas important dans la reconnaissance de notre métier.
Néanmoins, les conditions actuelles ne permettent pas, à mes yeux, de proposer un accompagnement à la hauteur des enjeux humains et cliniques qui se présentent en thérapie.
C’est pourquoi j’ai fait le choix de ne pas y adhérer, afin de préserver une pratique que je souhaite éthique, libre, et respectueuse de la personne dans sa complexité.







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